ERIC CLAPTON GUITAR AND LEAD VOCAL
DUANE ALLMAN GUITAR AND SLIDE GUITAR
BOBBY WHITLOCK PIANO, ORGAN, VOCAL AND ACOUSTIC GUITAR
ALBHY GALUTEN PIANO
CARL RADLE BASS AND PERCUSSIONS
JIM GORDON DRUMS, PERCUSSIONS AND PIANO
Sur disque Polydor n° 531 820-2 de 1970 et sur CD 1 de l'édition DeLuxe
I Looked Away
Bell Bottom Blues
Keep On Growing
Nobody Knows You When You're Down and Out (Duane Allman - Guitar) (Albhy Galuten - Piano)
I Am Yours (Duane Allman - Guitar)
Anyday (Duane Allman - Guitar)
Key To the Highway
Tell the Truth (Duane Allman - Guitar)
Why Does Love Got To Be So Sad (Duane Allman - Guitar)
Have You Ever Loved a Woman (Duane Allman - Guitar)
Little Wing (Duane Allman - Guitar)
It's Too Late (Duane Allman - Guitar)
Layla (Duane Allman - Guitar)
Thorn Tree In the Garden (Duane Allman - Guitar)
Disque 2 de l'édition DeLuxe
1. Mean Old World [Out-Take] - (take) Eric Clapton, Duane Allman, Jim Gordon
2. Roll It Over - (previously unreleased) Eric Clapton, G.Harrison, Dave Mason, Bobby Whitlock, Carl Radle, Jim Gordon
3. Tell the Truth - (previously unreleased) Eric Clapton, Bobby Whitlock, Carl Radle, Jim Gordon
4. It's Too Late [Live On the Johnny Cash Tv Show] - (previously unreleased, live) Eric Clapton, Bobby Whitlock, Carl Radle, Jim Gordon with Johnny Cash and Carl Perkins
5. Got To Get Better In a Little While [Live On the Johnny Cash Tv Show] - (previously unreleased, live) Eric Clapton, Bobby Whitlock, Carl Radle, Jim Gordon with Johnny Cash and Carl Perkins
6. Matchbox [Live On the Johnny Cash Tv Show] - (previously unreleased, live, featuring Carl Perkins) Eric Clapton, Bobby Whitlock, Carl Radle, Jim Gordon with Johnny Cash and Carl Perkins
7. Blues Power [Live On the Johnny Cash Tv Show] - (previously unreleased, live) Eric Clapton, Bobby Whitlock, Carl Radle, Jim Gordon with Johnny Cash and Carl Perkins
8. Snake Lake Blues - (remix, previously unreleased) Eric Clapton, Bobby Whitlock, Carl Radle, Jim Gordon
9. Evil - (remix, previously unreleased) Eric Clapton, Bobby Whitlock, Carl Radle, Jim Gordon
10. Mean Old Frisco - (remix, previously unreleased) Eric Clapton, Bobby Whitlock, Carl Radle, Jim Gordon
11. One More Chance - (remix, previously unreleased) Eric Clapton, Bobby Whitlock, Carl Radle, Jim Gordon
12. Got To Get Better In a Little While Jam - (previously unreleased) Eric Clapton, Bobby Whitlock, Carl Radle, Jim Gordon
13. Got To Get Better In a Little While - (remix, previously unreleased) Eric Clapton, Bobby Whitlock, Carl Radle, Jim Gordon
J'ai ré-écouté ce soir Layla.
Du coup, cela m'a inspiré l'avis suivant qui pourrait être mis en commentaire pour l'album si cela vous semble pertinent.
Je commencerai par citer le début de la critique de cet album parue dans Rock and Folk en 1970 signée Philippe Paringaux (rédacteur en chef de Rock and Folk et journaliste de bon goût musical): « Eric Clapton, musicien américain ». Grossière erreur Mr Paringaux, Éric Clapton est de séjour à Miami pour enregistrer Layla and other assorted love songs, certes avec des musiciens US, certes pour faire un album qui sera surtout made in USA, certes pour jouer sur une guitare californienne bricolée qui deviendra Brownie, oui, but no, il est anglais et he can find his way home. Et ceci n’est pas un détail car l’Americain sur cet album s’appelle Duane Allman. Tout érudit sur la genèse de cet album connaît l’histoire de leur rencontre et de leurs jams. Donc je passe. C’est justement la tectonique des plaques, Europe versus Amerique, qui va allumer le brasier que sera cet album. Clapton, Townsend, Page, Blackmore, Alvin Lee ne sonnent pas comme Hendrix, Allman, Freddy King, Stevie Ray Vaughan, question de pedigree. Voici donc le tout nouveau groupe d’Eric Clapton, Derek and the Dominos, et pour le frenchie de base du début des années soixante-dix, on s’attend à tout. Et sûrement pas à ça. « Ca » voulant dire que, la première écoute de I looked away, le titre d’ouverture de l’album présenté en 4 faces, sera une douche froide.
On avait tellement été habitués à autre chose : l’album éponyme Éric Clapton commençait par Slunky sur une démonstration de guitare, l’album Blind Faith s’ouvrait sur un magique Had to cry today, l’album Goodbye s’entamait par un I’m so glad ébouriffé, Wheels of fire débutait sur White room ou encore mieux sur LE Crossroads d’anthologie....bref du génie, du son plein les oreilles. Là, sur la platine, se languissant à la vitesse interminable de 33 tours 1/3 minute, Derek and the Dominos, « I looked away », une ballade avec quelques notes pulsées à la fin, provoquant un long et grand soupir, forçant à se dire que, bon tout de même, c’est Eric Clapton qui joue et chante. Effectivement, Goodbye Cream, et, on aurait pu croire par l’audition initiale de I looked away que soit dévoilé le style du premier groupe d’Eric Clapton dépourvu de la présence d’Anglais.
Donc, avec du blues à l’âme, on passe au deuxième titre, « Bell Bottom Blues ».
Retour aux fondamentaux avec ce morceau qui serait aujourd’hui qualifié de tuerie.
Ainsi, il l’aurait fait exprès ? Un premier titre pour penser – non, pas ça, pas lui – suivi de ce totem du blues pour nous faire avaler notre honte d’avoir douté. Ce titre qui a la faculté de donner la chair de poule va devenir un must des concerts à venir, et à chaque interprétation, la sensation sera la même, une tuerie.
Troisième titre : Keep on growing – intro rythmique avec son gras, slide, et des gimmicks de guitare partout pendant le chant. Et ce chorus de guitare avec en fond de la slide qui fait couler un nectar de notes suaves. Et ce chant qui revient dans lequel s’entremêlent de nouveaux solis, slide, rythmique, re-recordings. Et cet incroyable final en forme de jam, j’imagine la tête de Tom Dowd, l’executive producer, comprenant ce qu’il vivait : un moment d’histoire de la musique. Duane Allman, plutôt discret sur les 2 titres précédents, arrose le titre de slide, résonance de l’écume d’acier qui jaillit de ses doigts de virtuose.
Et ce n’est pas fini, quatrième titre : Nobody knows you when you’re down and out.
Ce blues que jouait en acoustique le presque débutant Eric Clapton dans les bars avant d’accéder à la célébrité, est interprété ici dans une version électrique. De nouveau, slide, chorus de guitare et nappes d’orgue à foison. Encore un monument tant par la grace du jeu que par le chant de Clapton qui semble au firmament de son désespoir amoureux.
De plus, le son incroyablement limpide de Brownie pour ce blues, que l’on pourrait dédier à ceux qui ont tout perdu, est si déchirant que l’on est convaincu par chaque note, comme si il s’agissait des mots chantés dans ce titre.
Ainsi s’achève la première face de l’album et on respire profondément avant d’écouter la suite.
« I am yours » pour continuer…guitare acoustique et slide en introduction. Soleil, paresse, et vent chaud sont au rendez-vous. Mais, évidemment, comme I looked away, il s’agit de nouveau d’une ballade qui, bien que ciselée par les parties de slide, laisse sur sa faim le kid des seventies, fan de Cream.
Mais il y a la suite qui s’appelle « Anyday ». Rien que l’introduction est un Everest. Le titre s’étale sur plus de 6 minutes, et de nouveau, comme dans Keep on Growing, un déferlement de solos, slide, chorus, licks, bends, d’émotions, d’harmonies, de symbiose. Oublié pendant des décennies puis heureusement interprété en live dans la dernière décade, ce titre constitue l’un des moments forts des trop rares concerts donnés par Eric Clapton.
And now : « Key to the highway ». Titre légendaire. Que dire de plus ? Que cette version est une jam qui pris forme suite au fait que Clapton et Duane Allman aient entendu le chanteur Sam the Sham interpréter ce titre dans le studio voisin du leur, et que, spontanément ils se sont mis, à leur tour, à jouer ce Key to the Highway. Tom Dowd entendant cela aurait hurlé aux ingénieurs « Tapez sur ce foutu magnéto » pour lancer l’enregistrement. Ceci expliquant l’introduction en « fade in », ceci n’expliquant en rien comment deux musiciens sont capables de produire une telle profusion de solos sinon d’avoir, eux aussi, passé un pacte avec le diable.
Fin de la deuxième face.
Troisième face : « Tell the truth » - retour à l’esprit de l’album « Eric Clapton ». Plutôt pop song avec des plans Duane on Slide dans toutes les mesures du morceau. Encore un titre qui sera un incontournable sur scène pendant la période Derek and the Dominos.
« Why does love got to be so sad » : Egalement dans le registre pop song, titre pour clamer un amour désespéré. Interprété sur un tempo particulièrement rapide et remarquablement soutenu par une section rythmique en fusion. Tout comme Tell the truth, morceau étendard de la set list live de Derek and the Dominos. Cette version est très justement éclipsée par celle de l’album « In concert » ou Clapton l’interpréte dans un tempo plus lent avec une inspiration qui n’appelle qu’un seul commentaire : « Kick ass ».
Retour au blues avec « Have you ever loved a woman ? » Déjà interprété du temps des Bluesbreaker lorsqu’il jouait avec John Mayall, Clapton reprend ce classique pour en faire une nouvelle version avec Derek and the Dominos. Encore un moment historique pour plusieurs raisons. D’une part, cette version est absolument grandiose, tant par le jeu des deux guitaristes que par l’émotion du chant, et d’autre part, ce titre sera le blues que Clapton ne cessera de jouer sur scène pendant des décennies. Indiscutablement, cette version studio fait partie des titres qui ont fait la légende d’Eric Clapton.
Elle reste aussi troublante qu’à l’époque ou elle fut enregistrée il y a presque 50 ans !
Egalement, la version live de « In concert » est surement, du moins en discographie officielle, la meilleure qu’il n’ait jamais interprétée sur scène.
« Little Wing ». En hommage à Jimi Hendrix ; la 4ème face commence avec ce titre. Emouvante version, certes éloignée de l’originale, ce qui n’en fait pas moins son charme. A ce stade de perfection, a part avoir la gorge serrée à l’idée de la disparition de Hendrix, Clapton et Allman pouvaient sourire du résultat de cette reprise.
« It’s too late » Il est trop tard, elle est partie. En phase avec l’esprit des autres titres de l’album, le morceau décolle vraiment lors du solo en slide de Duane Allman, définitivement magique dans toutes ses interventions. A noter que ce titre est – du moins à ma connaissance – le seul qui ait été filmé lors d’un show télévision permettant de voir Derek and the Dominos jouer live. (Johnny Cash Show visible sur You Tube)
Avant dernier titre de l’album : Layla. Layla, le titre de l’album, Layla, la chanson d’amour composée pour Pattie encore Harrison et pas encore Clapton. Le riff d’introduction, la partie chantée, la partie instrumentale, la première écoute en 1970 …tout est inoubliable.
Réticent à l’écoute du premier morceau, mais finalement capturé par la magie d’Eric Clapton et de Duane Allman, Layla achevait de convaincre le fan de Cream que j’étais qu'une page était tournée. Tous les espoirs de voir le vrai Eric Clapton sur scène avec des titres et un groupe fabuleux étaient permis. Ils seront déçus vu la suite de l’aventure Derek and the Dominos. Reste cet album considéré par de nombreux fans comme le meilleur de la carrière d’Eric Clapton et l’un des meilleurs albums blues rock de tous les temps.
Je n’avancerais pas sur ce terrain, tellement il y a de chefs d’œuvres dans ce que Clapton a produit en plus d’un demi-siècle.
Dernier titre : « Thorn tree in the garden » : ballade acoustique que je trouve aujourd’hui très agréable.
Je terminerai comme j'ai commencé, en citant Mr Philippe Paringaux : « Les compagnons choisis par Clapton sont très typiques de toute une génération de jeunes musiciens américains qui préfèrent l’efficacité d’une expression directe et simple aux bavardages et aux démonstrations techniques. Bobby Whitlock (orgue, piano, vocaux), Carl Radle (basse) et Jim Gordon (batterie) n’en sont certainement pas dépourvus, de technique, mais ils sont de vrais professionnels conscients de ce que leur rôle est de supporter les solistes plutôt de d’essayer de rivaliser avec eux »
RIP Duane Allman
RIP Carl Radle
PS : je fus très injuste à l'époque avec I looked away
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